Say no to the demolition of this major building
by the Perret brothers!
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Les bâtiments de la Marine nationale (1928-1956, Paris, 15e) sont menacés de destruction en raison d'un vaste projet du Ministère de la Défense. Un permis de démolir a été demandé sans qu’aucune expertise préalable n’ait été engagée.
Or il s'agit d'une oeuvre exceptionnelle, tant par la qualité de son architecture, que par la position qu’elle occupe dans la trajectoire des frères Perret. Elle représente une étape décisive dans l’élaboration d’un ordre du béton armé. Sa disparition nous priverait d’un maillon essentiel pour comprendre un héritage déjà mutilé par la démolition du garage de la rue Ponthieu (1906) et des ateliers Esders (1919). Il serait lamentable qu’un ensemble dépendant directement de l’État subisse un sort analogue à celui qui vient d’être réservé, à Amiens, à une autre œuvre des frères Perret, la place de la gare, défigurée par des transformations grossières.
Les bâtiments de la Marine nationale doivent être protégés. Le dossier d’archives (l’un des plus riches du fonds Perret) témoigne de l’effervescence qui a accompagné la conception du projet. On peut, grâce à 2000 documents conservés, suivre les recherches qui ont abouti à cette œuvre savante.
Dans Le langage de l’architecture classique, John Summerson compare la Marine nationale à l’Opéra de Paris : "Le bâtiment est entièrement en béton armé et dépourvu de tout ornement. Mais il est pensé en termes d’ordres". "Il y a presque autant de relief et de variété, de rythme, dans ce bâtiment, que dans l’Opéra. Simplement, il n’y a ni moulure, ni sculpture". Peter Collins souligne la maîtrise de cet ensemble. Le soin accordé aux proportions, le jeu de l’ombre et de la lumière, la composition des bétons révèlent "quelque chose de plus profond que l’intelligente amélioration des éléments architectoniques essentiels. L’architecture industrielle est portée ici au degré le plus élevé de l’art".
Seul le bâtiment administratif est inscrit à l’inventaire. Les autres constructions vont disparaître. Démanteler un tel patrimoine pour n’en conserver que la partie administrative est inacceptable. Ce serait perdre les qualités d’harmonisation qui ont porté cette "architecture industrielle" à ce degré de dignité qu’ont su percevoir Summerson et Collins. Ce serait discréditer définitivement la politique de protection du patrimoine du XXe engagée par le Ministère de la Culture.
http://www.docomomo.com/PDF/Navy%20Headquarters%20by%20Perret,%20Paris.pdf
http://www.docomomo.com/news_heritage.htm